Différent de l'auto-archivage réalisé par les auteurs, un dépôt sur ces plateformes fait l'objet d'une validation par une commission en relation avec l'établissement de soutenance et est pris en charge par une instance mandatée (Service Commun de la Documentation ; Direction de l'Appui à la Recherche ; Bibliothèque ; ...). |
DUMAS
-> Lien vers DUMASPlateforme de "Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance" Derniers mémoires recensés
La décimalisation du temps est un procédé essentiellement mathématique pour partager le temps et donc le mesurer. Son utilisation est simplificatrice dans de nombreux calculs liés au temps. La décimalisation du temps s’inscrit aussi dans une démarche française qui est la suite de celle sur la décimalisation du mètre faite après la révolution française. Elle apparait plusieurs fois dans les débats savants et publics entre la révolution française et le début du XIXème siècle. Pourtant ce procédé mathématique n’a jamais réussi à entrainer une réforme dans la mesure du temps de la même manière que la décimalisation du mètre. Les travaux d’un horloger, E. Macé , référencés aux Archives nationales sous le numéro F/17/3716, nous fournissent une porte d’entrée pour comprendre les marqueurs et les freins qui étaient liés à une telle réforme. Les débats des savants à la fin du XIXème siècle nous éclaireront sur les différentes possibilités pour décimaliser le temps. Une étude des procès–verbaux du Bureau des longitudes sur la période 1875-1901 nous aidera à comprendre pourquoi après une ultime tentative vers 1897 avec la Commission de décimalisation présidée par Henri Poincaré, toute réforme pour décimaliser le temps est définitivement abandonnée.
En 1750 et 1751, une campagne hydrographique est réalisée dans le golfe de Gascogne à la demande du Dépôt des cartes et plans de la Marine. Cette campagne a pour but de vérifier et de corriger des cartes marines déjà publiées de la même région. Pendant la mission, plus de 350 sondes à plomb suiffé sont relevées dans le golfe afin de mesurer la profondeur de l’eau et pour lever des échantillons du fond marin à différents points. En étudiant les diverses archives provenant de cette campagne, la chaîne de production des savoirs hydrographiques en jeu au XVIIIe siècle est exposée et déconstruite. Elle englobe chaque étape dans le processus de construction de cartes marines, de l’émergence d’un besoin aux travaux sur le terrain et à leur utilisation finale. Les archives contiennent également les données hydrographiques brutes récoltées pendant la mission. Une méthodologie pour le traitement et l’analyse de ces données hydrographiques historiques est proposée et détaillée. La chaîne de traitement passe par la transcription des données des sources archivistiques à leur standardisation et classification selon des données de référence. Les données historiques ainsi traitées sont ensuite comparées et analysées par rapport à des données actuelles équivalentes. La méthodologie développée implique l’utilisation d’outils en humanités numériques, surtout pour la visualisation via la mise en carte des données historiques traitées.
Le débat sur la nature de la relation entre écologie et écologisme repose principalement sur des présupposés épistémologiques quant au statut de l'écologie et quant à la façon dont elle doit prendre en compte les activités humaines. L'écologie peut être considérée comme une partie de la biologie, comme une science naturelle interdisciplinaire, ou comme une science interdisciplinaire qui fait le pont entre sciences de la nature et sciences de l'homme. La prise en compte de la spécificité culturelle de l'homme dans son rapport aux écosystèmes et à la biosphère dépend donc du statut que l'on donne à l'écologie.
Cette étude tente de répondre à la question "qu'est-ce que le jazz ?" en partant des spécificités musicologiques propres à cette musique pour rejoindre la pensée sociale et culturelle du jazz. Plus qu'un simple travail de définition, il s'agit d'analyser le jazz pour en extraire ses valeurs, d'interpréter les phénomènes musicaux jazzistiques en les plaçant toujours déjà dans un contexte historique et social déterminé. Penser le jazz, c'est établir son unité esthétique. Pourtant, on n'épuise pas le phénomène jazzistique à parler de swing et de sonorité : penser le jazz c'est aussi comprendre les origines musicales d'une telle musique et donc utiliser une méthode généalogique permettant de comprendre pourquoi, un jour, des hommes ont joué de la musique de telle manière. Le discours musicologique s'ouvre à la philosophie sociale et aux sciences historiques. Penser le jazz, c'est alors comprendre qu'il est une musique populaire, issu de la rencontre brutale des musique occidentale et africaine dans le contexte de la ségrégation raciale. Si certains discours sur la musique font de l'abstraction leur crédo, un discours sur le jazz semble devoir nécessairement prendre en compte les contextes socio-historiques dans lesquelles on joue du jazz. Le jazz se joue, se danse, s'incarne dans des gestes, des attitudes et des corps, et ce faisant, véhicule une pensée musicale que l'on ne peut pas comprendre si l'on s'en tient à une analyse musicologique. Penser le jazz comme pensée, ériger le jazz en porte d'entrée privilégiée d'une culture américaine naissante, comprendre l'encrage de la musique de jazz dans la Weltanschauung américaine sont les enjeux de cette étude qui donne en outre des pistes tant méthodologiques que généalogiques pour entreprendre une analyse des musiques populaires postérieures au jazz.
Ce mémoire s'intéresse aux collaborations possibles entre Intelligence Artificielle et philosophie. Il montre que les deux disciplines peuvent partager des objets, des théories et des résultats pour apprendre l'une de l'autre. La stratégie de ce mémoire consiste à expliciter des relations épistémologiques entre les problématiques propres aux deux disciplines ("IA faible" et "IA forte"), afin de définir des modes de collaboration sur le plan disciplinaire. La deuxième partie de ce mémoire présente les travaux de philosophes et de spécialistes de l'IA, depuis les débuts de l'Intelligence Artificielle jusqu'aux années 80. Elle expose les démarches collaboratives exploitées par ces chercheurs, de manière implicite ou explicite. La troisième partie présente des travaux où la philosophie sert de socle conceptuel à l'Intelligence Artificielle, notamment en ce qui concerne la simulation de phénomènes émergents. La quatrième partie réalise un renversement des relations classiques entre les deux disciplines. C'est au tour de l'Intelligence Artificielle de se mettre au service de la philosophie, en formulant de nouvelles hypothèses de recherche ou en testant les théories philosophiques à partir de cas concrets. Ce mémoire, enfin, espère œuvrer pour le rapprochement des deux disciplines et ainsi encourager philosophes et spécialistes de l'IA à collaborer sur les sujets qui leurs sont chers.
|
TEL
-> Lien vers TELServeur de "Thèses en Ligne" et HDR Dernières thèses ou HDR recensées
The present thesis aims to address the questions on the moral worth of the individual and his existence within a societal and institutional setting by examining Gerald Odonis’s Expositio super libros Ethicorum. Written in the early 1320s, it is the first full-length commentary on Aristotle’s Nicomachean Ethics produced by a Franciscan theologian. It provides a prism into the intellectual landscape of the fourteenth century, on the state of scholarship and education, on the reception of Aristotle, and on the currents of moral and political philosophy. Odonis’s Ethics commentary bears witness to both our author’s originality and the intellectual traditions that he inherits from both the Minorites and the Aristotelian commentators. The present thesis explores the intellectual and political circumstances surrounding the composition of Odonis’s commentary text, and attempts to anchor the philosophical commentary to its proper historical context. The thesis focuses primarily on Odonis’s questions in Books V and VI on the virtues of justice and prudence, as well as questions raised in the prologue concerning the subject, structure, and purpose of moral science. In the medieval scheme of moral philosophy, justice and prudence constitute two pillars of the cardinal virtues. Justice is accepted as a virtue of the will, and plays a central part in the Franciscan tradition of moral voluntarism; it is also a virtue inexorably linked with law and legality, and hence to government administration and the judicial system: themes upon which Odonis reflects deeply in his writing. For Odonis, prudence represents far more than mere propositional knowledge derived from simple syllogistic reasoning; instead, it is the reason and intellectual freedom that fundamentally underpins the moral and voluntary independence of the individual against reasons of the institution. Odonis places the individual at the core of every moral and political consideration, and understands the scheme and structure of the moral science through the perspective of an individual’s moral experience in society. In his commentary, Odonis displays a profound sense of voluntarism and individual subjectivism: the voluntary freedom of the moral subject and the humanity of the person always surpass the reason and being of the collectivised institutions.
Nous partons d'un état des définitions de l'évaluation. Nous verrons comment certaines orientations initiales de l'évaluation mettent en lumière la relation entre cette démarche et la question de l'absence d'un espace critique. Nous aborderons ensuite la question du public des expositions comme élément d'un espace public naissant au XVIIIème siècle en France, puis le retrait de la capacité critique de ce public. La conception éducative des expositions au sein des musées, qui a bénéficié de cette perte de la fonction critique du public, nous amènera à la muséologie des sciences et des techniques et au cas particulier de la Cité des Sciences et de l'Industrie. Le parti-pris thématique, qui se rattache à l'émergence de la muséologie de points de vue, y a suscité la résurgence d'un " besoin du point de vue du public ", et l'essor des études de représentations. Nous abordons ensuite les implications de l'étude des représentations sociales en muséologie, en particulier la manière dont elles ont été adoptées en muséologie, avec des limitations importantes comme la réduction des représentations sociales à la sphère du savoir de sens commun par opposition au savoir du spécialiste. Nous proposons de substituer à la conception de l'entretien comme mode de recueil de données nécessaires à la caractérisation des représentations sociales, une conception de l'entretien comme situation de communication mettant en jeu des positions de parole, des compétences sociales, et des hypothèses qui relèvent de la pensée sociale en acte. Nous détaillons les quatre moments de l'interprétation dans le traitement des études préalables à la Cité des Sciences et de l'Industrie : - la constitution du corpus et l'engagement dans la durée ethnographique, étude après étude; - le passage des thèmes d'expositions qui constituent l'objet des études, aux thèmes des entretiens qui constituent l'objet des représentations sociales; - le statut de membre du public, et le statut de visiteur à travers les situations d'enquête; - les anticipations des modèles d'usage de l'exposition.
Cette thèse propose de problématiser la grossesse comme un travail des femmes encadré par des institutions et façonné par les rapports sociaux de genre, de classe, et de race. L’analyse est basée sur une enquête par entretiens auprès de femmes enceintes et de leurs conjoints, et par observations dans deux maternités hospitalières (Île-de-France, 2014-2017). Cette thèse montre que la survenue des grossesses est encadrée par une norme conjugale, qui se décline selon des scripts conjugaux ; elle souligne également que le « bon moment » (la norme procréative) pour avoir un enfant varie selon les trajectoires et les positions sociales des femmes et de leurs conjoints. Elle interroge la manière dont l’encadrement étatique et médical des grossesses définit une temporalité spécifique de la gestation et met les femmes enceintes au travail de patiente. Le soin s’étend à l’espace et au temps domestiques dans la mesure où les femmes enceintes sont incitées à modifier leur vie quotidienne pour prévenir les risques. La division genrée du travail ménager et parental n’est modifiée que marginalement à l’occasion de la grossesse, tandis que la préparation de l’accueil d’un nouveau-né s’ajoute pour les femmes aux tâches habituelles. Dans l’espace du travail salarié, les grossesses apparaissent comme clandestines, à la fois illégitimes et ignorées. Elles jouent un rôle de révélateur vis-à-vis du salariat, en mettant en lumière l’extension du temps de travail, la pénibilité et les risques professionnels.
This thesis explores the recent evolutions of photovoltaics in France, and in particular the rise of grid-connected photovoltaics as it was triggered by support policies set up in the 2000s. The chosen actor-network theory approach leads to a material and relational descrption of French photovoltaics as modular technologies whose development was driven by political prices in the shape of feed-in tariffs for PV-generated electricity. From this perspective, the intertwinement of technological evolutions, market-making and politicisation is interrogated. After suggesting a description of photovoltaics as emergent and modular technologies and of feed-in tariffs as political market agencements, the thesis analyses the interwoven trajectories of feed-in tariffs and phootvoltaics in three sites. First, it traces back the constitution of feed-in tariffs as a dominant form of support for photovoltaics in the context of the development of a European policy for renewable energy. It then zooms on the French case, in which the overflowing of the regulated photovoltaic market triggered a political crisis and led to the reconsideration of photovoltaic support schemes. The last case study is a material account of the constitution of feed-in tariffs for PV-generated electricity into an opportunity and a resource for territorial development in the context of a project developed by a rural cooperative in the South West of France.
Cette thèse vise à comprendre les arrangements pratiques auxquels ont recours les familles lorsqu'elles sont confrontées aux difficultés d'ordre mental d'un enfant ou adolescent. Mon enquête ethnographique sur 42 familles de la région parisienne, complétée par des données statistiques locales et nationales, met l'accent sur les théories diagnostiques que les proches de l'enfant sont amenés à formuler pour expliquer, décrire et prévoir son comportement. Si ces théories sont largement influencées par les discours professionnels recueillis, elles sont au croisement d'enjeux multiples : rapports de force avec les professionnels de la santé, avec les professionnels du champ de prise en charge de l'enfance handicapée, enfin avec les membres de l'entourage de l'enfant. Démêler la relation entre ces enjeux et les théories diagnostiques permet de mieux comprendre les décisions prises par l'entourage de ces adolescents et la manière dont elles varient d'une configuration à l'autre.
Ce travail de thèse interroge d'un point de vue anthropologique et sémiotique la construction de la connaissance scientifique par l'expression graphique. De manière générale, il s'agit d'analyser un panorama d'exemples historiques de la culture visuelle des sciences comme des pratiques de recherches contemporaines, notamment l'importance de l'observation et de la fabrication de rendus dans le travail de l'image, dans la fabrication, et la diffusion de la science, en terme d'hypothèses, de méthodes, de théories, et de styles de pensée. La science contemporaine, caractérisée par sa présence très « visuelle » dans la société, place selon nous le design et les technologies liées à l'imagerie au cœur des relations esthétiques inhérentes à tout processus de recherche. Afin de comprendre comment le statut des objets — dans leur matérialité et leur agentivité — dépasse celui de l'objectivité dans la production du savoir, nous cherchons à le ressaisir comme une construction symbolique particulièrement incarnée par le design en recherche.
La terre et son impact économique ainsi que la symbolique qui s'y rattache d'une part, et la tribu et son évolution au cours de cette période d'autre part, deux éléments majeurs de la mentalité collective arabe palestinienne qui ont pu se prévaloir d'une influence décisive dans l'implantation israelienne en Palestine.
Depuis les Lumières, la notion de « critique » occupe une place centrale dans les réflexions que les sociétés occidentales conduisent à propos de leur caractère proprement moderne. C’est en étant « critiques » que nous nous distinguons de nos prédécesseurs, ainsi que des sociétés avec lesquelles nous continuons de coexister. En suivant Reinhart Koselleck, on pourrait dire que la « critique » représente ainsi l’un des « Grundbegriffe » de la modernité, c’est-à-dire, un concept fondamental qui non seulement guide, mais rend effectivement possible notre compréhension et notre interprétation des phénomènes en tant que tels. Cependant, si nous tentons de proposer une définition viable de la critique elle-même, nous sommes forcés d'admettre que les récits existants, en fondant la critique dans les capacités inhérentes à l’être humain, souffrent d'une « aporie » qui non seulement contredit la thèse initiale de la critique comme étant un phénomène proprement moderne et spécifiquement occidental, mais finit également par compromettre son efficacité sociale. D'un point de vue philosophique, cette situation logiquement défectueuse et pratiquement intenable demande une réflexion conceptuelle concernant les processus de pensée impliqués dans ce que nous appelons « pensée critique », ainsi qu'une clarification historique des sources sociales des principes guidant cette forme de pensée. Alors, selon une doxa philosophique classique, la clarification conceptuelle de la critique revient à interpréter les écrits de ce qu’on pourrait appeler la « trinité critique » allemande : Kant, Marx, l'école de Francfort. Comme ce phénomène nous intéressait du point de vue de son rôle dans la constitution de la modernité, c'est en raison de sa position historique unique, à savoir sa conjonction avec les Lumières, que nous étions amenés à nous concentrer sur le travail d'Immanuel Kant. À la différence de l’exégèse philosophique antérieure qui assimilait la « critique » de Kant au contenu de sa philosophie en tant que telle, notre interprétation a tenté d’en comprendre le sens en se concentrant sur les «opérations de la raison» qui étaient effectuées au nom de ce concept. Une telle perspective nous a permis de discerner, d’abord, que le geste critique de Kant avait été déclenché par une certaine « rationalité temporelle », elle-même marquée par une attitude assez particulière, a-normative, envers le passé ; deuxièmement, qu’il a été exécuté selon une certaine compréhension de la vérité aux allures dogmatiques ; et enfin, qu’il a été accompli, non pas tellement au nom de la « raison théorique », comme on le pense habituellement, mais plutôt en vue du développement de sa « faculté pratique ». C’est donc en nous basant sur cette analyse de la logique du geste critique de Kant que nous avons entrepris une enquête historique concernant ses origines sociales. Compte tenu de la spécificité de l'objet en question, nous avons d'abord été confronté à la tâche d'adopter une perspective philosophique permettant de saisir son émergence historique. Nous avons tenté de l’élaborer en faisant dialoguer, d’une part, l’«l'histoire conceptuelle» de Reinhart Koselleck et, d’autre part, l’approche généalogique de Michel Foucault – deux perspectives théoriques qui ont également produit leur propre analyse historique au sujet de la naissance de la critique, mais qui semblent toutefois ne pas avoir complètement réussi à rendre compte de son caractère spécifiquement moderne. Néanmoins, c’est en suivant l’histoire conceptuelle dans son insistance sur la nature conceptuelle de la critique ; en adoptant la compréhension que la généalogie propose de son caractère essentiellement « protestataire » ; et surtout en poursuivant les intuitions de Foucault et de Koselleck concernant ses relation complexes avec la religion ; que nous avons pu mener à bien la partie historique de notre recherche et de délinéer le contexte social dans lequel avait surgi le phénomène de la critique moderne. Plus précisément : en suivant la trajectoire historique du terme grec κριτική, nous avons tout d’abord pu comprendre que notre compréhension moderne de la critique qui la dote d’un caractère « contestataire », ne découle pas de ses origines étymologiques antiques, mais qu’il s’agit, en fait, d’une invention conceptuelle proprement moderne. De surcroit, en mettant en relief la relation particulière que la critique entretient avec la religion, nous avons pu envisager la possibilité que ce phénomène ne soit pas né en s’opposant à, comme on le pense communément, mais bien à l’intérieur du domaine religieux. Cette hypothèse a été confirmée empiriquement par nos propres recherches, qui ont abouti à la constitution du «Corpus Criticorum» - une collection de 171 œuvres, écrites entre 1455-1650, principalement par des auteurs réformés. C’est surtout dans ce dernier fait que réside la clé d’une compréhension convenable du phénomène moderne de la critique, dont l’insistance sur l’émancipation impérative face au passé ; dont l'opposition incessante à l'autorité ; et dont l’obligation de « penser par soi-même » ; ne peuvent plus être considéré comme le symbole de son caractère « éclairé », mais plutôt comme un symptôme de son passé « réformé » et oublié.
Avec la Convention pour la Sauvegarde du Patrimoine Culturel Immatériel de l’UNESCO (2003), le concept de patrimoine s’est trouvé élargi à de nouveaux objets, mais surtout une nouvelle distribution des rôles s’est opérée parmi les acteurs, mettant les praticiens individuels et collectifs au coeur du dispositif. Les états qui ont ratifié la convention se sont donné l’obligation de procéder à des inventaires en impliquant les communautés dans la désignation de ce qui, pour elles, fait patrimoine immatériel, offrant ainsi une opportunité d’expérimentations de formes et de méthodes pour réaliser cet objectif. Ces inventaires se sont largement appuyés sur des technologies numériques pour leur constitution et sur le web pour leur diffusion. La dynamique sociale dans laquelle s’inscrit la notion d’inventaire s’appuie sur un imaginaire des techniques numériques comme moyen de conjurer la perte culturelle et une relation ambigüe se noue au moment de l’inventaire nativement numérique entre immatériel et virtuel. L’étude du récit de l’histoire du web permet de mettre en évidence un ensemble de mythes fondateurs d’Internet qui contribuent à cette ambiguïté. À partir d’une participation observante à l’Inventaire du Patrimoine Immatériel Religieux du Québec (IPIR), qui s’appuie sur les définitions de la convention UNESCO, il s’agit de considérer les technologies numériques, dont Internet, comme outils que les communautés (État, communautés locales, acteurs de l’inventaire) mobilisent pour se mettre en scène par le patrimoine immatériel. L’exemple de l’IPIR, chargé de trois missions (conserver la mémoire, répertorier les pratiques vivantes, les communiquer), comparé à d’autres inventaires en ligne existants illustre la plasticité des inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel. Les trajectoires de l’inventorisation émergent en interrogeant la demande sociale d’un inventaire du Patrimoine Culturel Immatériel religieux dans le contexte de déchristianisation du Québec à partir des années 1960. Enfin, la diffusion sur le web des données d’inventaire permet de questionner les usages des techniques et les formes de représentations du web comme moyen de transmission culturelle. Alors que la dynamique sociale dans laquelle s’inscrit un inventaire en ligne s’appuie sur un imaginaire des techniques numériques comme moyen de conjurer la perte culturelle, la prolifération des traces sur le web vient défier la promesse d’accessibilité universelle que portait le web des origines.
Cette thèse étudie les transformations des savoirs et des pratiques biomédicales autour de l’intersexuation en France. Elle étudie l’émergence et la mise en place, au XXe siècle, d’un dispositif de médicalisation précoce des enfants ayant un sexe atypique en prenant pour exemple l’histoire d’une variation particulière – l’hyperplasie congénitale des surrénales (HCS). Ce dispositif de normalisation se fonde sur un changement de paradigme incarné par un protocole rédigé à l’hôpital Johns-Hopkins dans les années 1950, et dont cette thèse analyse la réception en France. L’historicisation du dispositif de prise en charge des « filles HCS » sert à examiner la production médicale de plusieurs « évidences » à leur égard : leur appartenance indiscutable au sexe féminin et la supposée nécessité d’une intervention médicale durant la petite enfance, évidences soutenues par des nouvelles techniques ainsi que des théories psychologiques sur le genre et la sexualité. À partir d’une analyse d’archives – notamment des publications scientifiques – et des entretiens avec des acteurs-clés de ce processus médical, cette thèse montre que la multiplication des connaissances et des modalités d’intervention médicale produit paradoxalement des formes d’ignorance de la part du milieu médical français et des résistances à abandonner un paradigme pourtant maintes fois remis en question. À travers l’étude de deux champs de savoirs et d’action sur l’HCS – le diagnostic prénatal et les études de suivi à long terme – cette recherche analyse comment persistent les évidences à propos du sexe en dépit du caractère incertain et complexe des savoirs que l’intersexuation révèle. Cette persistance des évidences est rendue possible par divers mécanismes de mise à l’écart de connaissances alternatives, témoins de la légitimité sociale et de l’emprise exclusive dont bénéficie actuellement la médecine.
|